Suite à une très belle course à la Gapen’cimes le 4 octobre (un trail de 46 Kms) et une sensation de bonne récupération de l’UTMB fin Août, j’ai décidé mi octobre de participer à l’Ultra Endurance Trail des Templiers. Un ultra de 116 Kms avec 4370 de dénivelés. Je savais que ça allait être très roulant pour moi mais tant pis, je voulais aussi participer à ce festival des Templiers, une belle fête du trail pour clore l’année. L’arrivée sur Nant n’est pas très encourageante avec un temps froid, nuageux et pluvieux. Le retrait des dossards se fait rapidement, le salon du trail est à l’image de celui du Mont-blanc avec de nombreux stands et une très bonne ambiance.
Réveil à 3H pour un départ à 4h. J’ai décidé un réveil tardif car j’ai privilégié un sommeil maximum, j’avais juste à badigeonner mes pieds de crème anti-frottements, de boire un grand café et d’avaler un bol de flocons d’avoine. Petite panique de dernière minute car je ne retrouve plus un de mes gants, il est 3h45 et suis toujours à mon véhicule, je prends alors une chaussette qui fera bien l’affaire ! Un control du sac avec matériel obligatoire puis je me pointe sur la ligne de départ parmi les 750 inscrits ! Je quitte ma polaire en dernière minute que je donne à Anne Sophie car j’ai vraiment l’impression que la température est douce. Une sacrée ambiance de départ avec ce flot de frontales allumé, la musique d’Ameno de Era et un speaker qui anime assez bien ! Ça me rappelle incontestablement des souvenirs récents !! Ma stratégie de course juste avant le départ fût de suivre le rythme du peloton de tête sauf si bien sur ça va trop vite !
Nant à Dourbies 0 au 39ème Kms
Le coup de fusil traditionnel des Templiers à 4 heures du matin déclanche le départ ! Du monde dans les rues même à cette heure ci, un vendredi !!Ça part assez vite, je suis dans la foulée de Pascal Giguet qui prend les commandes, je me sens bien dans cette allure. On se détache assez rapidement d’un groupe d’une dizaine de coureurs. Je sens tout de suite que Pascal est très à l’aise sur le plat, un ton en dessus moi, d’ailleurs il me distance de 300 mètres le long de la voix ferrée avant Saucliére. Ces 15 premiers Kms pour arriver à Sauclières en 1h17 sont très roulants. (On a à ce moment là 2 minutes d’avances sur nos poursuivants qui sont Thomas, Renaud, Christophe et Guillaume, j’ai eu cette info en fin de course !) Par contre dans les montées et descentes je sens un petit avantage en ma faveur, ainsi on se complète et on fait route ensemble tous les deux, seuls sans savoir derrière ce qui se passe. Le brouillard, le vent et le froid s’invitent tout doucement dans la montée du st Guiral sans nous demander notre avis ! Je ne suis pas fier avec ma chaussette en guise de gants ! Ces conditions météo me perturbent un peu car elles m’empêchent de me concentrer à 100% sur ma gestion de l’effort, ma foulée est souvent cassée par des rafales et le froid me prend les tripes, j’appréhende un coup de froid sur le bas ventre. Un peu avant de franchir le St Guiral au 27ème Kms, un halo de frontale vient me chatouiller le dos, pas longtemps car il s’agit de Thomas St Giron, futur vainqueur, qui nous double sans chichi .Aucun mot de sa part, il devait être très concentré ! Je ne m’accroche pas à sa foulée car mon allure est déjà élevée et que la route est encore longue. Une partie assez technique dans la descente en direction de Dourbies permet à Renaud Rouanet, mon ami du Team Lafuma de nous retrouver, Pascal et moi. Puis c’est ensuite Patrick Bohard de nous rejoindre à 5 minutes de Dourbies. On arrive alors tous les quatre en 3h26 au ravitaillement de Dourbies, à seulement 1 minutes de Thomas. Je ne traîne pas au ravitaillement, je repars avec mes deux bidons plein, un de coca et un d’eau avec quelques gels.
Dourbies 39ème à Trèves 87ème Kms
Je me détache de Renaud, Pascal et Patrick dans la montée car j’aperçois juste en dessus Thomas que j’ai envi d’aller chercher, mais 25 minutes plus tard quand je retrouve du plat je suis toujours en retrait d’environ 1 minute. Je me sens bien et décide de durcir légèrement le rythme sur toute cette traversée très roulante pour arriver à la station de ski ! J’ai espoir de revoir en ligne de mire Thomas mais on m’annonce chaque fois le long du parcours 2 à 3 minutes de retard. Je me dis qu’il est en forme car malgré ma bonne foulée je ne vois personne devant ! J’arrive à Prat Peyrot au 57ème Kms en 5h 14 de course on m’annonce 4 minutes de retard, j’ai su par la suite que j’avais alors 7 minutes d’avance sur mes poursuivants Pascal Giguet et Christophe Malardé. Le froid se fait à nouveau sentir et c’est reparti pour l’ascension du Mont Aigoual. Le froid me paralyse, je sens plus mes doigts. Avec du recul je pense que ce sont les conditions météo de l’Aigoual qui ont décidé de la suite des événements douloureux !! Arrivé au col je n’y vois alors absolument rien, à peine l’observatoire, de part le brouillard, le vent latéral souffle à 130 Kms, il me dévire, c’est apocalyptique ! Cette tempête s’engouffre en moi pour me voler une grosse partie de mon capital énergie déjà un peu entamé par les premiers 60 Kms .Cela dit je reste concentré et ne baisse en aucun cas les bras. Vivement la descente pour me réchauffer, je ne peux même pas prendre un gel car mes doigts ne réagissent pas. Je sens à ce moment là que je baisse déjà un peu de régime, d’ailleurs Michel Verhaeghe me rejoint , on fait une partie ensemble puis se détache tout doucement. La descente se déroule relativement bien, la météo s’améliore et je languis le ravito de Camprieu pour manger du solide. Et juste avant ce ravito c’est Christophe Malardé qui me double , je suis assez surpris de son allure, je passe alors 4ème. Rien d’inquiétant car je suis encore dans la course avec tout de même du répondant. Le ravito du 70ème me permets de manger mes patates bouillies, mon jambon blanc, une banane et deux compotes, ça fait franchement du bien et je le sens immédiatement sur mon état général. Je repars pour 17 Kms, confiant à la poursuite de Christophe et Michel, j’ai en tête à ce moment là le podium coûte que coûte alors il faut y aller !! Je redouble alors Christophe qui se sent pas bien du à des soucis gastriques, je le motive et se mets dans ma foulée mais pas très longtemps. Je suis alors 3ème en espérant passer 2ème ! Mais non, cette partie est difficile et ma puissance musculaire s’amenuise, je sens que je commence légèrement à subir la course c'est-à-dire que je ne suis plus en mesure de décider d’accélérer pour aller chercher Michel. Rien encore de grave mais ce sont des clignotants d’alerte qui ne trompent pas ! Et pour cause Denis Caillibot me double juste avant d’entrer dans Tréves au 87ème Kms .A ma montre c’est 9h44 de course, une bonne moyenne qui va se réduire comme une peau de chagrin sur les 29 Kms restants.
Tréves 87ème Kms à Nant 116ème Kms
Je suis alors 4ème, j’appréhende la montée de 25 minutes qui m’attend car elle sera révélatrice de mon état de forme. Le couperet tombe en haut de la cote sans trop de surprises !! Je n’ai plus de jambes, c’est atroce. Je n’ai pas de douleurs musculaires, ni blessures, aucun problème gastrique, je ne suis pas en hypo car je suis très lucide. Je suis tout simplement très fatigué, épuisé, je dirais que le sablier initialement rempli de grains d’énergie ne coule plus, c’est terminé,il me faut donner une réponse à mon interrogation ! Je n’ai plus aucune cartouche pour rétablir la situation sauf une ! Stopper un moment afin d’alimenter un peu les batteries. Mais cette solution ne me convient pas car je sais alors que le classement s’envole même si j’ai de l’avance sur mes poursuivants. Je décide alors de continuer en sachant que j’allais piocher dans les réserves de sécurité .Je sais que ça va être encore long surtout que la dernière partie est réputée pour être technique ! Il me reste une vingtaine de Kms à tenir, c’est mon mental qui me permet de continuer mais arrivé à Revens au 102ème Kms je craque car je suis lessivé. Je m’assois pour la première fois 10 minutes, et je me ravitaille. Je suis toujours 4 et me dis que c’est tout de même dommage de perdre tout ce « bénéfice temps » gagné sur les 80 premiers Kms !! Je repars en trottinant. Je croise un poste de secours, l’infirmière me prend mon taux de sucre qui est bon, 1.36 gramme, le chemin de croix est long, très long, et dans la descente sur Cantobre au 107ème Kms ce sont Franck Gilleron et Pascal Paracuellos qui me doublent !! Je passe alors 6ème et je continue en espérant limiter la casse ! De toute façon un car entier aurait pu me doubler que j’aurais rien pu faire pour réagir. La dernière montée du Roc Nantais est interminable mais je me surprends à monter assez bien vu mon état de mortibus!
La dernière descente arrive après une traversée un peu bizarroïde ! Mon dieu que ça fait du bien de voir le village, d’entendre l’animation, j’arrive alors et franchis la ligne d’arrivée en 13h22 de course, en 6ème position, 3ème V1. Je me relâche alors complètement et vous vous fais grâce des détails. J’aurais été sur cette course au bout de l’effort, à bout de souffle. Je regrette un peu de n’avoir pu tenir l’effort pour faire un podium mais je félicite Thomas, Michel et Denis qui ont su de leur coté mener leur stratégie de course jusqu’au bout. Bravo !
Je suis, cela dit, très heureux de faire une 6ème place à cet ultra renommé, je fini mon année sur une deuxième note positive en ultra après ma plus belle victoire sportive lors de l’UTMB 2009.
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